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Réussir la transition écologique - France en commun

Après le Covid, pour une planification urbaine, écologique et sociale de la France

Enfermés au printemps, de nombreux citadins ont, au sortir du confinement, rêvé d’ailleurs. Le moment est opportun pour questionner nos vies dans les grandes villes. Cela pose la question de quel aménagement du territoire nous voulons ?

Pour certains, l’avenir est aux villes plus « vertes », végétalisées, favorables aux circuits courts et aux mobilités douces. Mais pour beaucoup d'entres eux, ces tentatives sont vaines et impuissantes à freiner les dommages causés par une urbanisation toujours plus dense, destructrice de l'environnement et déshumanisante.

Le confinement a dévoilé un mouvement qui était déjà engagé : on estime que 600 000 à 800 000 personnes auraient quitté les grandes villes entre 2015 et 2018. Et on sait depuis trente ans que les Franciliens veulent à 80% quitter l’Ile-de-France. À l’échelle nationale, une étude du Cevipof de juin 2019 l’a encore montré, seuls 14% des Français veulent vivre dans une métropole, et à la question, « si vous aviez le choix, où souhaiteriez-vous vivre ? », 45 % d’entre eux répondent « à la campagne » et 41 % « dans une ville moyenne ». La métropole ne fait même pas rêver les jeunes actifs diplômés, pourtant cibles premières des politiques métropolitaines.

Habiter dans de grandes agglomérations répondrait de moins en moins aux attentes, aux désirs de vie vivable d'une grande part des salariés. Cela s'explique par la surdensité des grandes agglomérations qui pose en autres plusieurs problèmes : Écologique (pollution, betonnisation, artificialisation des terres, îlots de chaleur), logement trop cher et trop petit, des temps de transports de plus en plus long, une saturation liée à la surdensité, fatigue des corps et de l'esprit, les temples de la surconsommation et du paraître. Le choix d'y habiter est souvent vécu pour une grande majorité de salariés comme une contrainte. Beaucoup y vont afin de trouver plus facilement du travail ou faire carrière. Les jeunes qui ont le bac y vont pour leurs études, le troisième ou quatrième âge avec quelques moyens y reviennent par commodité, pour avoir accès aux services de qualité. Les classes populaires sont évincées toujours plus loin en périphérie, les migrants parqués, les étudiants précaires entassés et les SDF partout refoulés. En revanche, les « premiers de cordée » et la petite bourgeoisie vivant au centre de ces métropole sont dans leurs éléments et ne jurent que par ce mode de vie.

Sur ces terreaux d’inégalités spatiales et urbaines fleurissent la drogue, l’insécurité, habitat indigne, logement uberisé, travail uberisé, ghettos de riches, inégalités dans l’accès aux services public… ; La grande ville qui serait pour tous synonyme d’accueil, d’hospitalité, de mosaïque sociale est devenu des lieux de grandes violences.

Le Covid-19 a été un moment qui a dévoilé ce qui justement préexistait, une caisse de résonance sur la question de l'inhabitabilité, l’invivabilité des surdensités, des très grandes agglomérations.

Le vote écologique avec une gauche rassemblée dans les métropoles peut aussi être interprété comme le souhait d'arrêter de densifier, voir même dédensifier et d'améliorer la vivabilité des ses grandes villes existantes avec plus des emplois durables, des espaces verts, de circuits courts, de rénovation thermiques des bâtiments, des circulations douces et d'emplois et de service publics à proximité de son lieu d'habitation pour répondre à son parcours de vie social et familial.

Le grossissement des métropoles ne fait plus sens.

Toutefois, celles et ceux qui quittent les grande villes sont surtout celles et ceux qui peuvent économiquement se le permettre. L’exode urbain concerne surtout les cadre sup’ ou encore les salariés qui ont des capacités de mobilité. D'autres qui n'ont pas les moyens de partir luttent en interne pour améliorer la vivabilité de ses grandes agglomérations pour qu'elles soient plus humaines, plus conviviales, plus écologique, permettant de mieux vivre ensemble autour des concepts sur le droit à la ville.

Plusieurs mouvements à travers l'histoire ont forgé nos territoires. En 1948, les membres du CNR portaient de mettre en place une vaste politique d'équipement et de planification dans une France de l'après guerre qui doit réparer les dégâts du conflit et faire face à une pénurie de logements sans précédent. Toutefois, dès les années 50, le gouvernement de l'époque a surtout mis en place une politique très dirigiste orientée par des buts uniquement économiques à travers le plan de Jean Monnet.

En effet, la priorité absolue donnée jusqu’alors à la production, c’est-à-dire aux industries et aux grandes villes qui accueillent et logent leur main-d’œuvre, a créé de nombreux dysfonctionnements et déséquilibres. Exode rural vidant les campagnes, engorgement complet de la région parisienne, logements souvent insalubres, manque d’équipement pour les nouvelles populations urbaines en périphérie des villes…

Suite à cela, d'autres réflexions émergeront sur un aménagement du territoire harmonieux "...Il ne suffit pas, en effet, de multiplier le nombre des logements et d’améliorer leur qualité ; il faut encore que ces logements soient édifiés aux emplacements les plus favorables tant pour le bon rendement des activités productrices que pour le bien-être et l’épanouissement des individus […] de telle sorte que les fonctions qui caractérisent tout établissement humain, habitation, travail, échanges, éducation et loisirs, s’exercent en parfaite harmonie." A cette vision, nous pourrions rajouter le respect de l'environnement et la planète.

À la suite de ce premier Plan, d’autres suivront, environ tous les 4 ans, les plans deviendront peu à peu moins directifs et plus « indicatifs ». Toutes les actions qui s’en réclament dépendront ensuite de ministères différents. Le terme d’aménagement sera de plus en plus accolé à celui d’urbain. L’aménagement ne sera plus que de l’urbanisme. L’aménagement du territoire n’a plus d’existence en tant que projet global construit.

Dans ce contexte, des propositions reprennent de la vigueur autour de la planification urbaine, écologique et sociale territoriale pour forger des solidarités villes-campagnes et renforcer les villes moyennes et dédensifier les grandes métropoles (non au seul au bénéfice des cadres sup' en capacité de télétravailler).

Cela pose d'autres questions que la crise du Covid a mis en évidence. L'idée d'une relocalisation de l'emploi et de l'industrie de manière harmonieuse sur le territoire.

Cette relocalisation globale pose la question de la relocalisation territoriale à l'échelle nationale. Cela induit un redéploiement et le développement des services publics (eaux, énergie, santé, éducation, transports, télécommunication, culture, sport, logement, ...). Cela pousse aussi l'idée d'une déconcentration des pouvoirs plus proche des réalités sociales et écologiques des citoyens sortant des logiques de métropolisation, régionalisation.

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