Les grandes firmes captent à leur profit la valorisation du formidable patrimoine de données de notre pays et de l’Europe. Leur domination repose sur leur capacité à être le passage obligé pour accéder à l’information et la traiter, d’où leur quasi-monopole et la rente qu’ils prélèvent. Leurs seuls challengers globaux sont les entreprises chinoises. La France et l’Europe sont devenues des colonies numériques des firmes étasuniennes globalisées.
Les causes de cette colonisation sont politiques. Là où les États-Unis et la Chine avaient tout compris sur la fusion industries et services, sur les enjeux stratégiques de la donnée et de l’intelligence artificielle, l’Europe et les gouvernements nationaux ont cassé toute coopération et toute complémentarité, au nom du dogme du démantèlement du monopole des entreprises intégrées de service public pour les privatiser. Ces choix catastrophiques ont laissé le champ libre aux firmes étasuniennes.
Des accords comme ceux liant Microsoft à l’Éducation nationale ou à l’armée, le partenariat Renault-Google sur les voitures connectées alors que l’État reste actionnaire de ce groupe, ne font que renforcer cette domination et cet asservissement aux Gafam. Le gouvernement ne peut faire la promotion du projet de cloud souverain européen Gaia-X et, dans le même temps, décider de faire héberger les données de santé de notre pays sur des serveurs de Microsoft.
Il est donc urgent de nous émanciper de notre statut de colonie numérique et de construire notre souveraineté numérique dans le cadre de coopérations européennes, mais aussi avec des pays comme la Chine ou le Vietnam. Loin du modèle « tout startup », cette indépendance numérique ne pourra se construire qu’à partir d’une stratégie nationale et européenne qui englobe tout l’univers numérique des composants électroniques à l’intelligence artificielle en passant par les équipements, la robotique, les données, le logiciel, les plateformes, et en faisant appel aux atouts que constituent nos services publics, notre richesse culturelle mais à l’initiative citoyenne qui se développe autour des communautés du logiciel libre et des fablabs qui ont su, lors de la crise du Covid 19, palier certaines défaillances du secteur privé et de l’État central.
Cette émancipation ne sera rendue possible qu’en s’appuyant sur le formidable potentiel humain des travailleurs et travailleuses de notre pays, de ses laboratoires de recherche, de ses universités, de ses grandes entreprises de télécoms et de services informatiques, de ses fleurons industriels encore existants.
Des amorces d’alternatives existent déjà pour nous affranchir du monopole et de la domination des Gafam, encore faut- il qu’elles s’intègrent dans une véritable stratégie numérique nationale et européenne, mobilisant les moyens humains et financiers nécessaires, en étant à la hauteur de ce qu’investissent les États-Unis et la Chine.
Il s’agit aussi de rompre avec un développement écocide du digital, tourné vers la surconsommation de ressources rares et d’énergie, l’hyper-surveillance, la désinformation et la déstructuration du monde du travail, notamment par l’ubérisation, afin de libérer le potentiel émancipateur de la révolution numérique pour l’humanité, en matière de créations de richesse, de partages, d’accès à la connaissance, de coopérations et de mutualisations.
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