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L’École en commun - France en commun

La culture manuelle dans la culture commune

Notre société a pris pour habitude de classer les individus selon deux catégories : les manuels et les intellectuels. Il y aurait des gens peu enclins à la réflexion et d'autres peu enclins à la manipulation. Cette réflexion sans nuance, binaire, sotte, permet de défendre un modèle éducatif qui préconise la sélection précoce des élèves : ceux qui n'ont pas de bons résultats à l'école sont forcément manuels et doivent poursuivre leur scolarité via un apprentissage, ceux qui ont de bons résultats sont interdits d'imaginer une orientation vers des métiers dits manuels. Cette même réflexion pousse ainsi à la hiérarchie des métiers et bien qu'ils s'en défendent, les apôtres de l'apprentissage précoce en sont les hérauts. De fait, la voie professionnelle devient une voie de garage et l'on tente de faire croire que c'est la solution miracle à l'échec scolaire, comme si la cause de l'échec était l'école et ses enseignants et non pas, le manque de moyens accordés à la lutte contre le décrochage. Cette division de la société en deux catégories qui s'opposent n'a aucun sens, car un élève en réussite scolaire peut être habile et un élève en échec scolaire peut très ne pas être plus doué pour des activités manuelles. De même, on peut être bon en maths et médiocre en histoire, bon en musique et médiocre en grammaire, à l'aise dans un jardin et perdu dans une cuisine, habile un marteau à la main et empoté dès lors qu'on vous pose une assiette entre les doigts. Mais alors, comment lutter contre cette séparation qui mène parfois à l'ostracisation de certains individus ? Mon avis est qu'il faut intégrer la culture manuelle dans la culture commune et que, dès le plus jeune âge (cycle 3), les programmes de l'éducation nationale doivent comporter des temps d'apprentissages manuels. Cela peut se traduire par des heures de jardinage, de cuisine, de bricolage, de couture... Finalement, peu importe tant que tous les élèves peuvent s'émanciper par le biais de ces activités, qu'ils soient bons ou mauvais en orthographe, des cracks ou des cancres en géométrie. L'intérêt est justement de voir tous les élèves pratiquer ces activités et non pas seulement quelques élèves dont on considère qu'à 13 ans, ils sont perdus pour l'école. Les activités manuelles retrouveraient une noblesse souvent disparue et les élèves en réussite pourraient y trouver un intérêt et pourquoi pas, au moment de faire un choix d'orientation professionnelle, se diriger vers elles. Ce dispositif pourrait aussi permettre le raccrochage de certains élèves en difficultés, sans être une solution miracle pour autant car rien ne remplacera pour cela, la baisse des effectifs et l'intervention d'enseignants supplémentaires, spécialisés ou non. Cela passe forcément par une augmentation du volume horaire global, ces matières ne pouvant pas se substituer à d'autres existantes, ce qui sous-entend également qu'on forme les enseignants du 1er degré à ces pratiques, qu'on recrute des enseignants dans le 2nd degré pour enseigner ces disciplines. Autre pre-requis : la déconnexion du temps élèves et du temps enseignant à l'école primaire depuis longtemps réclamée par certains syndicats. C'est un chantier qu'aucun ministre n'ose aborder. Mais est-il normal que les professeurs des écoles français soient parmi les moins payés tout en étant ceux qui font le plus longtemps face à leurs élèves en Europe ? L'incorporation d'activités manuelles dans les horaires de l'école primaire et du collège ont vertu à proposer une véritable alternative à l'apprentissage précoce qui a montré ses limites. Elle redorerait l'image des disciplines manuelles, permettrait la lutte contre le décrochage scolaire en partie et augmenterait le niveau général dans les lycées professionnels en suscitant des vocations chez les élèves en réussite. Elle pourrait couper l'herbe sous le pied de ceux qui, sous prétexte de lutter contre le décrochage, ne favorisent en fait que le travail précoce des enfants et la sous-évaluation des métiers manuels en général.

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