En cette période de confinement, on mesure combien manquent des places de marché numériques d’intérêt général qui seraient aux services des commerces de proximité, et permettraient de s’opposer aux grandes plateformes capitalistes comme Amazon. Ces places de marché pourraient être gérées soit comme un service public, soit sous forme coopératives ratives.

N’oublions pas que le numérique n’est que la continuité de la révolution informationnelle décrite par Paul Boccara. La France et son service public était très bien partie avec le minitel (et aussi la TVHD incidemment). Puis il y a eu Internet. Ce n’est pas la technologie mais la puissance technico-commerciale US qui a fait la différence. Peu importe aujourd’hui, les multinationales US ont créé les standards en la matière et nous courrons derrière.
L’information est le nerf de la guerre idéologique. La révolution informationnelle qui se poursuit est bien sur plus large que les Télécommunications, mais elle dépend intégralement des Télécommunications. Si Internet n’est pas nationalisable, les opérateurs de Télécommunications le sont. Si les PTT c’est bien fini, un Service Public des Télécommunications du 21ème siècle est envisageable.

La France et l’Europe sont complètement passées à côté de la révolution numérique commencée au début des années 80. Il va maintenant être très difficile de rattraper ce retard.
Dans le domaine de l’énergie, la nécessité d’un pôle public qui a fait la preuve de son efficacité est reconnue.
La création d’un pôle public du numérique paraît aujourd’hui tout aussi nécessaire. Ce pôle public aurait pour objectif de coordonner l’activité des nombreux acteurs français du numérique ( industriels, sociétés de services, opérateurs de télécommunications, éditeurs de logiciels, institutions de recherche, acteurs du logiciel libre et open-source, utilisateurs, fournisseurs de contenus) et d’impulser des coopérations internationales en Europe mais également dans le monde afin de conquérir notre souveraineté numérique et de nous affranchir du monopole des GAFAMs.

Le défi est immense puisque notre dépendance est pratiquement totale dans de nombreux secteurs de l’Industrie numérique : conception et production des matériels (composants, serveurs, réseau, matériel de stockage …etc…), fourniture de services d’infrastructure (cloud) et d’application ( réseaux sociaux, plateformes “communautaires”, tous les services rendus par google au quotidien aujourd’hui devenus indispensables – moteur de recherche, système d’exploitation des smartphones, reconnaissance vocale, traduction en ligne, cartographie, ….)

Compte tenu du retard accumulé, il semble clair que la France seule ne pourra pas se soustraire à cette emprise et que des coopérations internationales seront nécessaires.

Entre autres avantages, les solutions libres et open-source sont reconnues comme étant des techniques de coopération particulièrement efficaces et devraient être systématiquement développées et adoptées.

La priorité de ce pôle public numérique devrait être dans un premier temps de produire des alternatives là où des GAFAMS sont massivement présentes et/ ou en situation de monopole:
-dans les administrations et services publics, comme c’est le cas par exemple de Microsoft dans l’éducation nationale,
-pour des services de base: par exemple Google a un monopole de fait avec avec son moteur de recherche dont les algorithmes ne sont même pas publics.

A plus long terme, la France et l’Europe devrait oeuvrer à ce qu’Internet et certains services associés (moteur de recherche par exemple) soient reconnus comme des Biens Publics Mondiaux.

Autre exemple : wikipédia qui est le résultat de la collaboration de dizaines de milliers de contributeurs bénévoles dans le monde entier et qui bénéficie de dons également venus du monde entier est sous la tutelle de la Wikimedia Foundation, Inc. organisation à but non lucratif régie par les lois de l’État de Floride aux États-Unis. Sans aucun doute ce devrait être un BienPublic Mondial.