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Une démocratie réelle - France en commun

Pour une véritable démocratie dans l'entreprise.

L’un des enjeux majeurs que nous devons nous fixer est l'instauration d'une véritable démocratie. Or pour affronter cette question de la démocratie dans toute sa dimension politique, il ne faut pas simplement envisager la question des droits institutionnels. Il faut envisager tous les cas où n’importe quel citoyen doit pouvoir exprimer son opinion de manière à réellement peser sur les décisions qui le concernent. C’est lorsque toute décision importante concernant n’importe quel sujet de la vie des citoyens sera prise par ces citoyens que nous pourront dire que nous vivons réellement dans une démocratie. Par conséquent, l’un des lieux dans lequel doit s’exprimer cette volonté des citoyens sur tous les aspects de leur vie est l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Historiquement, le capitalisme tel qu’il s'est construit à partir de la fin du XVIIIe s. a été fondé sur l’idée que le propriétaire du capital, c’est-à-dire de la valeur d’un certain nombre d’objets et mise de fond permettant à l'entreprise de démarrer son activité, en était le propriétaire et que le profit fait par l’entreprise lui revenait (je ne rentre pas ici dans la question de l’origine du profit, qui soulève d’autres problèmes). Cette idée a pour corollaire qu’à l’inverse, ceux qui fournissent un travail dans cette entreprise ne sont engagée avec elle que dans un rapport marchand dans lequel ils vendent une force travail contre une rémunération. Ainsi les travailleurs ne sont-ils pas propriétaires de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Ils n’en sont que des fournisseurs d'un bien, le travail, à côté des autres fournisseurs (de matières premières, de machines, d’énergie, etc.). Nécessairement, les travailleurs n’ont donc aucun droit à s’exprimer sur les décisions qui sont prises pour le présent et surtout pour l’avenir de l'entreprise. La justification de cela, aux yeux des défenseurs de ce système, consiste à dire que celui qui apporte le capital est celui qui prend un risque, celui de perdre entièrement son capital investi. Cette première idée est déjà contestable. Imaginons une personne riche de 20 millions d’euros qui investit dans une entreprise à raison de 1 million d’euros. Imaginons que l’entreprise fait faillite, cet individu perd son million. Il lui en reste 19. A-t-il vraiment pris un risque? Dans cette entreprise, il y a un ouvrier avec des enfants, payé au SMIC et qui perd son emploi parce que l’entreprise fait faillite. Pendant quelques temps, il est payé par l’assurance chômage, mais il ne retrouve pas d’emploi et plonge, lui et ses enfants, dans la pauvreté. Entre l’investisseur qui a perdu 1 million d’euros et l’ouvrier qui n’a perdu "que" son emploi, qui a pris le plus grand risque ? L’attribution du profit à l’investisseur repose donc sur l’idée que le travailleur, lui, ne risque rien, or cela est faux. Un ouvrier ou un petit employé aujourd’hui assume un risque professionnel beaucoup plus grand que beaucoup d'investisseurs. Mais on peut même retourner le raisonnement : est-il normal, ou souhaitable que ces investisseurs assument ce risque consistant à engager une partie de leur fortune, avec pour contrepartie de priver le reste de la population de la possibilité de peser sur les choix qu’implique cet investissement pour l’ensemble de la société? Qui doit alors prendre la responsabilité de ces investissements? On peut estimer que les funestes expériences « communistes" du XXe s. ont montré qu'un pilotage centralisé par l’Etat constituait un système assez inefficace. En revanche, un véritable système de pilotage par les travailleurs d’une entreprise sur les investissements souhaitables pour cette entreprise a montré sa valeur en terme d’efficacité économique comme de justice sociale. Dans la mesure où il est irréaliste de penser pouvoir imposer ce système du jour au lendemain dans les pays capitalistes, nous devons promouvoir un système mixte, dans lequel les décisions concernant une entreprise relèveraient à la fois de la volonté des investisseurs et de celle de ceux qui apportent leur travail à l’entreprise. Ces derniers doivent pouvoir peser sur les décisions de leur entreprise dans la mesure où ils sont souvent ceux qui ont la conscience la plus aiguë de l’intérêt de leur entreprise en terme d’efficacité économique. Pour cela, nous devons réorganiser les structures de décisions dans l’entreprise pour donner beaucoup plus de poids qu’aujourd’hui aux représentants des travailleurs, sur les investissements, les décisions stratégiques, la désignations des dirigeants, les niveaux de rémunération, etc. De cette manière, nous instaurerons une véritable démocratie dans l’entreprise, absolument nécessaire à l’instauration d'un démocratie dans la société, dans la mesure où les droits de chacun dans la société doivent se mesurer avant tout par la capacité à peser collectivement sur les choix qui impactent la vie de chacun.

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