Les institutions qui fondent notre société sont malades et on évoque souvent de la mise en place d’une VIème République.
Il s’agit d’un thème récurrent, notamment à l’approche d’élections nationales comme le sont la Présidentielle et les législatives, qui devraient se tenir respectivement en avril et juin 2022.
Sans nier le poids de l’élection du Président de la République au Suffrage universel, sur l’ensemble des institutions de notre pays, ce sont bien les législatives et la majorité qui se dégagera de celles-ci qui définiront la politique mise en œuvre pour les 5 années à venir.
Le fait qu’elles ne se déroulent que 6 semaines seulement après la Présidentielle renforce le poids de cette dernière sur le résultat…
« Le mot « république » provient du latin « res publica » qui signifie au sens propre « chose publique » et désigne l’intérêt général puis le gouvernement, la politique et enfin l’État. »
La mise en place d’une nouvelle organisation institutionnelle apparait, aujourd’hui, comme une nécessité, tant nos institutions, datant de 1958, ne sont plus adaptées à la vie du 21ème siècle.
Aussi, cette évolution nécessaire s’inscrit, de manière structurante, dans un véritable projet de société.
Le projet de société que formulent les communistes consiste en une alternative radicale au capitalisme.
Et combattre celui-ci jusqu’à son abolition, jusqu’à son dépassement, pour le remplacer par la priorité à l’Humain, par mise en place de « L’Humain d’abord ! », comme le disent couramment les communistes, implique effectivement ces changements institutionnels.
Si ceux-ci sont nécessaires, ils ne sont pas suffisants mais aucune transformation réelle de la société ne se fera sans eux.
Cela nous amène à voir les différents aspects de ces reformes d’ampleurs :
• Une Vème République à bout de souffle !
• Quel contenu donner à une VIème République ?
I) Une Vème République à bout de souffle !
Depuis de longues années déjà, le taux d’abstention progresse, quel que soit le type d’élection.
Il est intéressant de se pencher sur les différentes causes de cette évolution négative.
Négative… peut être pas pour tout le monde d’ailleurs puisque les tenants du monde des affaires, du libéralisme, pour ne pas dire du capitalisme, s’accommodent très bien de ce recul démocratique puisque, si l’abstention touche toutes les formations politiques, tous les courant de pensées, elles ont majoritairement le fait de gens se réclamant de la gauche.
Cette abstention massive légitime « de fait » la politique libérale mise en œuvre.
On l’a vu notamment lors des municipales où certaines communes ont basculé à droite du fait d’une abstention massive dans les quartiers populaires et beaucoup moindre dans les centres-villes plus libéraux.
Si l’on peut considérer qu’un taux d’abstention inférieur à 20% est quasi incompressible, seule la présidentielle de 2007 a été en dessous, des niveaux d’abstention comme celui des municipales de 2020, dépassant les 50% ou celui des départementales / régionales dépassant les 60%, certes pour ces deux votes dans un contexte de pandémie, de Covid, montrent un décalage grandissant entre la population et l’offre politique globale.
Ces chiffres nationaux sont des moyennes et reflètent de grandes disparités entre les régions, les villes mais aussi entre les quartiers d’une même commune.
Globalement, on peut considérer que l’abstention touche plus les quartiers populaires avec les populations qui se débattent dans les difficultés, notamment économiques, que les « beaux quartiers » avec des populations qui vivent bien, largement au-dessus de la moyenne.
Cette évolution de l’abstention a fait l’objet d’une commission d’information parlementaire à l’Assemblée nationale.
Celle-ci s’est concrétisée par un rapport d’information « visant à identifier les ressorts de l’abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale » et présenté par Xavier Breton et Stéphane Travert, députés.
On peut y lire (page 24) :
« 1. L’abstention peut s’expliquer par un manque de confiance, voire par une forme de défiance envers les élus et le système
a. Le refus du vote peut permettre d’exprimer un désaccord
Le rapport au vote comme un devoir s’étant érodé, il est désormais employé comme mode d’expression d’une défiance envers la démocratie représentative et les élus qui l’incarnent.
Selon les résultats de la consultation publique menée sur le site de l’Assemblée nationale à la demande de la mission d’information, le mécontentement à l’égard de la classe politique apparaît comme le premier motif invoqué par les abstentionnistes. Les accusations de corruption ou de manque d’honnêteté entachent la perception qu’ont les électeurs des élus, entraînant un sentiment de rejet conduisant à une démobilisation électorale. Cette abstention n’est cependant pas tant une négation de la politique qu’un acte presque militant et donc, en cela, qui peut être considéré comme politique.
La défiance rejoint l’intermittence et la diffusion d’une culture politique protestataire pour former, selon Mme Anne Muxel, les trois piliers d’une citoyenneté d’un genre nouveau. Le message de colère, qui rejoint l’exercice d’une « citoyenneté critique », forme la part la plus dynamique de l’abstention.
b. L’abstention s’inscrit dans un rapport large de défiance
L’analyse des opinions des abstentionnistes montre qu’ils adhèrent moins à un système de valeurs fondé sur la confiance, dans les institutions mais aussi dans le reste du tissu social. Selon les données du Baromètre de la confiance politique du Cevipof, la participation annoncée aux élections régionales est de 52 % chez les personnes qui déclarent faire tout à fait confiance à leurs voisins, contre 28 % chez ceux qui n’ont pas du tout confiance. Les partisans d’un système politique démocratique avec un Parlement élu sont à 56 % susceptibles de voter, contre 19 % des personnes qui rejettent ce régime. »
L’abstention peut aussi être liée à une notion d’utilité du vote, ou plutôt un sentiment que le vote serait inutile pour transformer la société, ou même simplement pour la faire évoluer.
Ainsi le rapport mentionné indique-t-il : « Le sentiment que leur vote sera inutile entraîne la démobilisation. Cette conviction agit sur les électeurs de partis minoritaires, que le mode de scrutin ne permettra pas de faire accéder aux responsabilités électorales et qui ont un sentiment d’inutilité du vote individuel. L’idée que les politiques nationales ne peuvent pas tout, parce qu’elles s’inscrivent dans un contexte européen et mondial, complète le manque d’intérêt pour des élections dont l’issue est perçue comme dépourvue de conséquences politiques et pratiques. »
Pour tenter de comprendre ce phénomène, il convient de revenir sur quelques évènements de la vingtaine d’années écoulées.
• Présidentielle de 2002
Après un gouvernement de cohabitation entre un Président de droite, Jacques Chirac et un 1er Ministre, Lionel Jospin, représentant de la gauche plurielle s’appuyant sur une majorité solide élue en 1997, suite à une dissolution de l’Assemblée nationale, on assiste à un coup de tonnerre lors du premier tour de la présidentielle, le 21 avril.
En effet, le Premier ministre socialiste de l’époque ne parvient qu’en troisième place de cette consultation, laissant les deux premières à J Chirac, Président sortant et au représentant de l’extrême droite.
Il faut préciser que ce résultat arrive dans un contexte particularité du fait de 5 ans de cohabitation, avec une démonstration qui semble être que la droite chiraquienne et la gauche de Jospin ont fait la même politique…
Pour une présidentielle, le taux d’abstention est élevé puisqu’il il n’y a eu que 71,6% de votants, moins de 3 français sur 4 se sont déplacés.
Il faut aussi préciser que les 3 candidats sont arrivés relativement serrés :
Chirac : 5 665 855 voix (19,88 %)
Le Pen : 4 804 713 voix (16,86 %)
Jospin : 4 610 113 voix (16,18 %)
Le second tour se transforme non pas comme une sorte de plébiscite comme pourrait le laisser entendre le résultat (82,25% pour Chirac), mais bien en un vote massif de rejet contre ce que représente le milliardaire fascisant…
Pour confirmer cette évidence, le taux de participation a fortement progressé lors du second tour, passant de 71,6% à 79,71% soit une progression de 3,336 millions de votant supplémentaires, mais aussi une progression de 772 000 bulletins blancs et nuls.
Dans cette élection, on voit aussi les effets de la loi qui indique que seuls les deux candidat(e)s arrivé(e)s en tête du premier tour peuvent se présenter.
• Référendum de 2005
Le sujet est ardu puisqu’il s’agit de se prononcer sur la mise en place d’une Constitution Européenne et donc d’acter le fameux Traité pour une Constitution Européenne (TCE).
Cette consultation référendaire est le fruit d’une demande récurrente des communistes notamment qui font le pari que ce sujet peut être mis à la portée du peuple.
Outre les communistes qui ont appelé à un NON, clair, de gauche, des socialistes et des représentants de la droite plus ou moins extrême ont aussi fait ce choix du NON, pour des raisons de stratégie personnelle ou de repli identitaire du pays.
La phrase qui a emporté la décision chez beaucoup d’électeurs est celle qui était le fil rouge de ce texte, la mise en place d’une « concurrence libre et non faussée… ».
Avec 54,67 % de vote NON parmi les 69,33 % électeurs qui se sont rendus aux urnes, le résultat du vote était clair, bien que surprenant l’ensemble des commentateurs.
Une part importante de la population refusait le contenu du TCE, mais certain ont préféré voter OUI par crainte de faire exploser l’Union Européenne…
Cependant quelques années après (en 2007) est mis en place sans consultation populaire, sans référendum donc, le traité de Lisbonne qui reprend une grande partie des dispositions du TCE, et notamment cette « concurrence libre et non faussée ».
Ce sont les libéraux qui, sous la houlette de Sarkozy, ont remis en selle ce « mini traité » adopté par le parlement français.
Les Français, quel que soit le vote émis lors du référendum de 2005, ont alors le sentiment d’être trompés, trahis.
Ils en veulent à la classe politique dans son ensemble de ne pas respecter ainsi leur vote.
• Présidentielle de 2012
A cette élection présidentielle, le président sortant, Sarkozy, est battu au second tour par François Hollande, candidat socialiste, qui a mené sa campagne autour de son opposition à la finance !
Lors de son meeting de campagne du 22 janvier 2012 au Bourget, François Hollande a déclaré de manière insistante en forme d’anaphore :
« Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire,
Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti.
Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu.
Et pourtant, il gouverne.
Mon adversaire, c'est le monde de la finance ».
Cela ne l’a pas empêché, sitôt élu, de confirmer, avec la chancelière allemande Angéla Merkel, la ratification du « Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance » (TSCG) qui vise à contraindre les Etats membres de l’UE, et prioritairement ceux de la zone euro, à financer leurs dépenses par leurs recettes et donc à limiter le recours à l’emprunt.
Plus communément appelé « pacte budgétaire » européen, il est signé le 2 mars 2012 par 25 Etats membres de l’UE et entre en vigueur le 1er janvier 2013.
Il s’agit bien là de mettre la finance au cœur des décisions de l’Europe et de la France et nous sommes en total contradiction avec les propos du candidat socialiste en janvier.
Avec ce traité, c’est donc bien désormais la finance qui dirige le politique, sans se soucier du peuple.
Un double langage qui pèse lourd sur la perception des promesses électorales et qui « contaminent » l’ensemble des candidats et des élus.
• Quelques affaires
En marge de ces moments au cours desquels la démocratie, l’expression du peuple, est bafouée, on assiste à quelques affaires de détournement de fonds, de collusion entre le monde politique et celui de la finance, voire de la mafia…
Il s’agit d’évasion fiscale, éventuellement qualifiée d’optimisation fiscale… d’oubli de déclarer ses impôts, d’utilisation des moyens de l’Etat et de la fonction de Chef de l’Etat pour aider quelques amis « dans le besoin ! », de harcèlement sexuel en lien avec une position dominante… ou encore d’utilisation de ses fonctions pour permettre à des « partenaires financiers » de s’enrichir lors de marchés peu regardant sur l’utilisation des finances publiques.
On peut aussi y trouver quelques « faits divers » liés au financement des partis politiques.
On voit bien que, en accréditant le « tous pourris », l’association de ces différents éléments ne favorise pas la rencontre entre le personnel politique et les populations. On touche là un élément constitutif de l’abstention.
Ensuite, il y a peut-être la forme de délégation de pouvoir, de représentation du peuple qui peut contribuer à cette désaffection des urnes.
En effet, si les Françaises et les Français boudent les élections, alors qu’ils continuent de s’engager dans les domaines associatifs, bénévoles de différentes causes sociétales, ou politique comme avec les gilets jaunes ou autres collectifs, il semble qu’ils rejettent les formes organisées que sont les partis politiques ou les syndicats.
Ils semblent également rejeter un système institutionnel qui les éloigne, ou les éloignerait, des centres de décisions.
Un élément que l’on a peut-être trop tendance à oublier, à banaliser, c’est le discours tenu par une partie importante de la classe politique qui se situe globalement sur la droite de l’échiquier, c’est le discours de haine, de racisme, et/ou d’incitation à la haine …
Celui-ci est porté par les Le Pen ou Zemmour, mais aussi, de manière plus insidieuse par les Ciotti, Pécresse, voire Macron qui font une égalité en immigration et sécurité.
Cela a aussi un impact sur la manière dont les populations jugent les politiques et accrédite une fois encore un peu plus le « tous pourris » ainsi que l’abstention.
C’est à partir de plusieurs de ces affaires qui ont été portées devant la justice, avec de condamnations à l’appui, que les communistes et leur candidat Fabien Roussel ont déposé, pour être débattue lors de leur niche parlementaire annuelle, une proposition de loi « visant à lutter contre la banalisation des discours de haine dans le débat public. Celle-ci a été retoquée par l’Assemblée le 2 décembre 2021, ce qui n’est pas un signe encourageant pour l’avenir de notre démocratie à la française.
En 2018, avec leurs parlementaires, les communistes analysent la situation. Ainsi, pour eux, la Vème République a fait son temps et la crise que traverse le régime depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, confirme le sentiment d’une grave fracture entre le peuple et ceux qui dirigent le pays.
Cette fracture s’est élargie à une défiance croissante de nos concitoyennes et concitoyens à l’égard du politique.
La conception macronnienne, « jupitérienne », du pouvoir présidentiel pousse à la caricature la monarchie républicaine symbolisée par l’élection du Président de la République au suffrage universel et les pouvoirs considérables qui lui sont conférés sans pouvoir réel de le contester durant le quinquennat.
Mais la réalité a rattrapé M. Macron. Il ne suffit pas d’affirmer un pouvoir alors que la gravité de la crise économique et sociale s’aggrave, que les inégalités s’accentuent, marquées par l’insolence sans limite des riches bien servis par un pouvoir à leurs bottes, dès le premier jour.
De toute évidence, la Constitution, l’organisation des pouvoirs publics et donc de la démocratie ne correspondent plus aux attentes de nos concitoyens, aux exigences de solidarité, de justice et à l’aspiration croissante à un nouveau mode de développement.
On le voit, la nécessité d’une VIème République devient donc chaque jour plus évidente.
II) Quel contenu donner à une VIème République ?
En 2018, le projet de révision constitutionnelle qui renforçait le pouvoir du Président de la République en abaissant plus encore le Parlement, a été ajourné. L’affaire Benalla, puis le Covid ont eu raison de ce texte qui n’est pas pour autant complétement abandonné.
Une nouvelle République doit se penser avec une nouvelle Constitution mise en débat avec le peuple, par le peuple et pour le peuple.
Or quand on évoque une VIème République, on parle en général d’une évolution institutionnelle.
Mais si cet aspect est tout à fait important, absolument nécessaire, il s’agit aussi de voir que dans la nouvelle société que nous voulons, celle qui est définie par le projet proposé par les communistes, celle qui réponde donc au mieux aux besoins et attente des populations, nous souhaitons mettre en place une société où l’Humain serait au centre.
Pour faire de « L’Humain d’abord ! » il convient de renforcer la démocratie dans tous les domaines, dans tous les aspects de la vie :
• Au niveau des institutions avec des élections qui constituent la meilleure photo de l’état de l’opinion,
• Dans l’entreprise, car la citoyenneté ne s’arrête pas à l’entrée de l’atelier ou du bureau
• Et aussi avec une presse qui soit réellement un lieu d’information, une information complète et la plus impartiale possible.
« Démocratie » : Mot d’origine grecque, de démos signifiant territoire ou peuple en tant qu’ensemble de tous les citoyens de la cité, et de Kratien (verbe) signifiant commander.
Il s’agit là d’une forme de gouvernement, de gouvernance dirait-on aujourd’hui, dans laquelle la souveraineté appartient au peuple.
Pour Maximilien de Robespierre, « La démocratie est un Etat où le Peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu'il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu'il ne peut pas faire lui-même. »
En 2018, les communistes ont formulé quelques propositions pour une VIème République qui précisent les fondements, dans les encadrés ci-dessous, de cette nouvelle République.
1 Démocratie institutionnelle
Le pouvoir doit changer de mains :
Quand on parle de démocratie, il convient de voir que, dans un pays comme la France, de 66 millions d’habitants, et de près de 48 millions d’électeurs potentiels, nous ne sommes plus au temps de la Grèce antique où quelques privilégiés, des hommes libres et riches, se réunissaient sur l’Agora.
Il y a donc aujourd’hui une nécessité à avoir un système qui donne à chacun la possibilité de s’exprimer par la voix de représentants, à travers des élections, mais aussi directement avec des référendums.
Dans le programme du Front de gauche de 2012, on pouvait lire en introduction du chapitre 6 « Convoquer l’Assemblée constituante de la VIème République :
« Les institutions actuelles ont éloigné le pouvoir du peuple, provoquant une grave crise démocratique. L’abstention bat des records. La vie politique tend à se réduire à une compétition présidentielle opposant tous les cinq ans des candidats qui se distinguent avant tout par leurs styles personnels, arbitrée par des médias principalement voués au libéralisme. Entre deux élections, le pouvoir gouverne sans le peuple voire contre lui comme nous l’avons vu ces dernières années sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans cette situation, les intérêts privés les plus puissants s’en donnent à cœur joie. C’est l’oligarchie qui gouverne. Pour restaurer une démocratie véritable, il est temps de fonder une nouvelle République ».
Le principal problème aujourd’hui est que la Vème République, et notamment depuis 1962 avec l’élection du Président de la République au Suffrage universel, fait de cette élection la clef de voûte de toutes les institutions.
Elle est donc prépondérante a toutes les autres, y compris sur les législatives entrainant un régime qui est plus présidentiel que parlementaire.
En son temps, François Mitterrand avait qualifié cette Constitution de « Coup d’Etat permanent ». Publié en 1964 pendant la présidence de Charles de Gaulle, le futur Chef de l’Etat y dénonce la pratique du pouvoir personnel par le général de Gaulle. Ceci ne l’a pas empêché d’endosser les habits présidentiels, sans partage, dès 1984…
Cette prépondérance de l’élection du Chef de l’Etat a d’ailleurs été renforcée avec les décisions conjointes à la fois de raccourcir le mandat du président à 5 ans et de placer les législatives systématiquement quelques semaines après la présidentielle.
Cette réforme a été initiée alors que J. Chirac était Président et que L. Jospin était son premier ministre.
Le vote des électrices et électeurs français étant qualitativement proche pour ces deux consultations, les législatives devenant une élection pour donner une majorité au Président élu.
Le parlement devient de plus en plus une chambre d’enregistrement des décisions prises par le Président, voire par l’exécutif.
On entend souvent le terme de députés « Godillot » ou « Playmobil » pour qualifier ceux de la majorité qui votent de manière unanime, sans se poser de question.
Ce fût le cas notamment en 1982 avec un PS qui avait une majorité absolue et depuis 2017 avec une majorité absolue LREM.
Communistes, nous avons l’habitude de dire que la présidentielle est l’élection la plus anti démocratique qui soit, dans la mesure où seuls ne peuvent se présenter au second tour que les deux candidats arrivés en tête, ce qui favorise à ne pas voter pour le candidat que l’on souhaite, mais bien pour celui qui pourrait battre celui que l’on ne veut pas.
Une première réponse que l’on pourrait apporter serait l’instauration générale de la proportionnelle à toutes les élections, y compris en gardant une prime majoritaire pour assurer une majorité comme on peut le voir lors de municipales.
Mettre de la proportionnelle ne doit pas faire peur, car cela permettrait une meilleure bataille de fond autour des projets proposés par les différentes formations politiques
Il conviendrait aussi de supprimer l’élection présidentielle pour redonner la primauté au Parlement et que ce soit ce dernier qui désigne un « Chef de l’Etat », on pourrait l’appeler autrement, qui serait le représentant de la France sur la scène internationale.
Ce personnage serait alors l’émanation d’une majorité politique qui se dégagerait lors des législatives.
Développer la démocratie représentative, c’est aussi faciliter l’accès à des fonctions électives de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qui souhaitent s’intéresser à la politique, car rappelons-le, « le mot politique est un emprunt à un mot latin qui vient lui-même du grec. Si nous remontons aux origines, nous trouvons le nom grec polis qui veut dire « cité ». Notez que cité, ici, n’est pas un synonyme de ville : il est à comprendre dans le sens de « cité-État », c’est-à-dire de communauté politique et religieuse indépendante ».
Cela passe aussi par un statut de l’élu qui permette effectivement de donner les moyens aux salariés de s’engager et d’accomplir leur rôle d’élu, à quelque niveau que ce soit, avec efficacité. Cela permettrait que la classe politique ne soit plus quasi exclusivement réservée aux professions libérales ou aux personnels de la fonction publique.
Ensuite, et cela rejoint la démocratie dans la cité ou en dehors des lieux traditionnels où s’exercent la politique que sont les conseils municipaux, les assemblées d’élues… , il y a les initiatives citoyennes comme les référendum d’initiative populaires, intermédiaire entre le RIP (Référendum d’Initiative Partagées) de Sarkozy et le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) des gilets jaune, une démocratie directe avec les droits de pétition qui ouvrent dans certaines condition des prises de décisions.
Une organisation territoriale adaptée à la réponse aux besoins des populations sera à mettre en place en complément des mesures nationales.
Ainsi, il convient de redonner toutes les prérogatives aux communes, notamment sur le plan financier, soit en cessant les baisses de dotations qui sont à l’ordre du jour depuis plus de 10 ans…
Par exemple, les territoires doivent accueillir les services publics déconcentrés de l’Etat afin de permettre aux populations d’y accéder.
Il convient en effet d’en finir avec les écoles qui ferment, avec les bureaux de poste qui se réduisent, avec les trésoreries ou les Centre Médicaux sociaux qui se regroupent, avec des gares et des trains avec du personnel SNCF en nombre suffisants… Avec des services publics qui ne jouent plus leurs rôles !
La société nouvelle doit s’appuyer sur des services publics dont moteur est la prise en compte des usagers, et non plus celle de clients ou basée seulement sur la rentabilité.
• Démocratie à l’entreprise
Pour nous, la démocratie ne doit pas s’arrêter à l’entrée de l’entreprise.
L’entreprise est bien le lieu, par excellence, de l’affrontement de classe, et s’il faut des entreprises pour produire fabriquer tout ce dont ont besoin les populations, il n’est indiqué nulle part que le patron, ni ses actionnaires, n’ont seuls tous les droits sur l’entreprise.
Ce sont bien en effet les salariés qui produisent les richesses de l’entreprises. Ce sont eux, qui, par leur travail, créent la plus-value…
Cela leur confère un droit évident de regard sur les choix stratégiques de l’entreprise.
Celui-ci doit, en fonction de la taille de l’entreprise, s’exercer par l’intermédiaire des syndicats, des délégués du personnel ou des Comités d’entreprise, dont les prérogatives seraient à redéfinir, avec, par exemple, un droit de veto de ce dernier sur des opérations qui pourraient mettre en danger les salariés, voire l’entreprise elle-même.
C’est aussi dans cette logique, que doit se mettre en place un système de « Sécurité Emploi Formation » (SEF), qui s’appuiera sur un rôle accru des banques, y compris de la BCE, pour aider, par un système de prêts bonifiés, les entreprises qui développent la qualité des savoir-faire des salariés, la formation ou encore les rémunérations et les conditions de travail.
Dans cette logique, les régions, dont la compétence en matière de formation professionnelle est mise en avant, ont un rôle primordial, notamment par le biais des Fonds Régionaux pour l’Emploi et la Formation (FREF) en complément des mêmes fonds au plan national (FNEF).
On voit là aussi le rôle que peuvent avoir les représentants des salariés sur les conditions de sécurité dans l’entreprise. Cela pourrait empêcher de nouveaux accidents industriels comme AZF à Toulouse en 2001 ou Lubrizol Rouen en 2019…pour ne prendre que deux exemples.
• Une presse démocratique
Si l’on veut qu’une véritable démocratie se mette en place dans le pays, il faut donner les informations sur les projets proposés, sans, a priori, en supprimer, sans non plus les déformer…
Aujourd’hui, l’ensemble de la presse est aux mains de milliardaires qui mènent une véritable lutte de classe à travers leurs différents titres, presse écrite ou audiovisuelle.
Ainsi, par exemple, Bolloré, le Berlusconi français, possède des participations actives dans le groupe « Vivendi » avec Europe 1, Paris Match, BFM, mais aussi dans le groupe « Prisma Média » avec Femmes Actuelles, Télé Loisirs, Voici, Gala, Géo, National Géographic, Capital, Management, ou encore dans le groupe « Canal+ » avec C8, Canal +, C News, C Star ou l’hebdomadaire « France catholique ».
Il est ainsi l’un des promoteurs médiatiques, notamment, de Zemmour, le chantre de l’extrême droite.
Seule le groupe « Humanité » échappe à cette concentration des moyens d’information, et cette particularité, cette voix dissonante, ne se fait pas sans difficultés pour ce journal du mouvement social.
Pour avancer vers ce nouveau système institutionnel le document des communistes « Construisons la France en commun », Au point 7 :
« Pour une République nouvelle : la démocratie jusqu’au bout »
La France connaît une grave régression de sa vie démocratique. Les présidents, tels des monarques républicains, gouvernent sans le peuple, et même contre lui. Ils n’écoutent jamais l’expertise des citoyen·ne·s, des salarié·e·s, des élu·e·s. Seul leur importe l’intérêt d’une poignée de privilégiés, d’actionnaires, de détenteurs de grands capitaux. Pire, ils nous enferment dans l’autoritarisme, le déchaînement des pratiques répressives, la restriction constante de nos libertés. Nous l’avons encore vu avec cet « état d’urgence sanitaire », décrété dans le même temps que l’on tenait le Parlement et les élu·e·s à l’écart des décisions importantes. Sous la Ve République, le mensonge politique est une forme de coup d’État permanent. Il faut refaire République.
Pour reconquérir l’égalité, la justice, le bien de toutes et de tous.
Nos propositions (Extraits) :
Instaurer dans la Constitution un pouvoir d’intervention citoyenne.
Il ne doit pas se résumer au temps des élections. Toutes les assemblées, de la commune au Parlement, doivent faire vivre ce principe.
Reconnaître de nouveaux pouvoirs aux salarié·e·s et aux habitant·e·s sur les entreprises et les services publics.
Cela passe par des droits d’intervention sur les décisions stratégiques.
Appliquer réellement et en tout domaine, le principe d’égalité entre les femmes et les hommes.
Ce principe doit cesser d’être une référence formelle pour les gouvernants.
Interdire les discriminations et lutter résolument contre le racisme.
Ceux-ci doivent être combattus avec sévérité par les lois de la République et par la justice.
Promouvoir une nouvelle décentralisation démocratique de l’État, défendre l’égalité des territoires.
Trop de départements, de communes, de quartiers sont discriminés ou délaissés. Il est grand temps de remettre en question le processus en cours de reconcentration, qui ne fait que favoriser la mise en concurrence de nos collectivités, tout en les plaçant sous tutelle financière et préfectorale.
Agir pour une police et une justice républicaines.
Il est urgent d’en finir avec les contrôles au faciès, les comportements violents ou racistes de certains policiers à l’encontre de jeunes des quartiers populaires ou de citoyen·ne·s.
La police doit retrouver son rôle au service de la sécurité de tous et toutes. Les moyens doivent être dégagés pour la mise en place d’une police de proximité, en contact permanent avec les populations.
L’indépendance de la justice doit se voir garantie, y compris celle des parquets.
Protéger les citoyen·ne·s contre la surveillance numérique de masse.
Et il faut abroger les lois portant atteinte à la liberté de la presse et de création sur les médias numériques.
Revaloriser le suffrage universel.
C’est la condition d’une participation active et massive à tous les scrutins, communaux, locaux, départementaux, régionaux et nationaux. La représentation proportionnelle de la diversité politique du pays en sera l’un des moyens.
Un statut de l’élu local, permettant à tout citoyen et à toute citoyenne d’exercer un mandat, sans risque pour sa vie professionnelle, devra être promulgué. Il faut également conquérir le droit de vote des étrangers aux élections locales.
Restaurer la primauté du Parlement.
La désignation d’un Premier ministre et de son gouvernement ne doit plus être le fait du Prince, mais s’effectuer devant le Parlement.
En finir avec le présidentialisme. Cela suppose que le président de la République ne soit plus élu au suffrage universel avant les élections législatives, et que l’on supprime ses pouvoirs d’exception face au Parlement. »
Enfin, une nouvelle République ne peut pas se construire que dans notre seul pays.
Elle doit aussi entraîner des répercussions, notamment au niveau de l’Europe et des relations internationales.
Elle doit s’articuler avec des institutions européennes et mondiales qui, elles aussi, doivent se démocratiser, avec, en premier lieu, le fait de redonner du pouvoir au Parlement Européen, élu au Suffrage universel.
Cela irait de pair avec un rôle différent pour la BCE et pour la commission.
En guise de conclusion,
Il est donc évident que penser une nouvelle démocratie ne doit pas rester au niveau des institutions politiques et de la seule démocratie représentative, même s’il convient grandement d’améliorer celle-ci.
Si une nouvelle République, dans les conditions qui viennent d’être définies, s’avère bien une nécessité, elle ne suffira pas à elle seule à transformer, au fond, la société dans le sens où l’entendent les communistes.
On peut donc dire que proposer d’aller vers une nouvelle République, une « République démocratique, sociale, écologique et laïque » est un élément structurant qui s’inscrit naturellement dans les propositions du candidat communiste, Fabien ROUSSEL.
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Olivier Christol
Une Sixième République je soutiens
2022-09-08 12:47:30 +0200
Olivier Christol valide l'idée
Olivier Christol
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2022-01-10 21:20:55 +0100
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