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Travail : vers de nouveaux droits - France en commun

L'urgence d'une Sécurté d'Emploi, de Formation et de revenus

Extraits de l’introduction de Jean Chambon au débat public du 21 octobre à Pierre-Bénite (69) sur l’emploi et la préparation du rassemblement national du 21 novembre à Paris. Trois raisons motivent ce débat sur l’emploi qui s’inscrit dans la préparation du rassemblement national du 21 novembre à Paris avec Fabien Roussel qui traitera de cette question majeure. La première raison. Il s’agit avec le pouvoir d’achat, les salaires et la santé, d’une des préoccupations premières des salariés et de nos concitoyens, également préoccupés par le devenir de la Sécurité Sociale menacée par les mesures de Macron et le budget PLFSS 2022. Malgré qu’ils aient expérimenté le « quoiqu’il en coûte » permettant de préserver des emplois et en partie, les revenus, l’inquiétude de nos concitoyens est grande comme le montre le dernier sondage sur l’état de l’opinion avec un recul important de leur confiance au plan économique. Cela n’est pas surprenant quand 6 530 000 personnes sont inscrites à Pôle Emploi et que 74 % sont indemnisés ou que 26 % ne perçoivent rien. Dans la France de 2021, 8 millions de Français ont recourt à l’aide alimentaire, et plus de 10 millions ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Cette situation va s’aggraver avec la réforme de l’assurance chômage qui prive des centaines de milliers de personnes de toute indemnisation, et conduit certains à accepter n’importe quel boulot et dans n’importe quelle conditions, pour tenter d’échapper à une vie faite de privations. D’autres feront le plongeon dans la pauvreté notamment les radiés autoritairement par Pôle Emploi, ils étaient au nombre de 176 000 en 2020. Sur notre canton, les inscrits à Pôle Emploi s’élèvent à 1 500 soit un taux de 11 % et 3 points de plus que le taux national. La part de jeunes disponibles et souhaitant un emploi va jusqu’à 27 % à Pierre-Bénite. 1 325 salariés sont en situation précaire, soit en CDD, soit intérimaires soit stagiaires. Ce sont donc environ 3 000 personnes concernées. C'est 21 % de la population active. Ce cancer du chômage ronge la société. La pandémie a aussi commencé à faire comprendre que l’autre face du chômage, ce sont les services publics défaillants, les productions industrielles défaillantes (des masques aux semi-conducteurs), les recherches insuffisantes pour engager un vraie bifurcation productive et écologique, etc. C’est aussi la souffrance au travail de celles et ceux qui n’en peuvent plus et qu’on continue à pressurer. Les soignants en sont l’emblème, mais beaucoup vivent ces situations. C’est dire si le chômage et les besoins d’emplois ne concernent pas que les privés d’emploi. Loin de là ! Les politiques libérales ont aggravé le chômage et la précarité. Il faut donc faire autrement, innover avec des solutions radicales et crédibles qui s’attaquent aux causes de ce fléau que sont d’une part la gestion des entreprises et des institutions arc-boutées sur de dogme de la baisse du « coût du travail » et d’autre part les politiques menées ces 40 dernières années et amplifiée par Macron. La seconde raison est que nous vivons une accélération des décisions qui font de l’emploi et des revenus les variables d’ajustement pour les profits. C’est le cas à Kémira où la lutte est engagée pour s’opposer à la fermeture des activités industrielles et au licenciement des 13 salariés vendus avec les productions par Arkema il y a 15 ans, au Finlandais Kemira. A JTEKT Irigny qui profite de la chute du marché automobile pour accélérer une restructuration d’ampleur avec des délocalisations de productions et une partie de la recherche. Ce sont 900 emplois et des savoirs-faire précieux menacés. Depuis fin 2019, 364 salariés ont déjà été victimes de ce rabougrissement. Aujourd’hui JTEKT et d’autres constructeurs automobiles prennent prétexte de la pénurie de composants pour prolonger le chômage partiel provoquant des pertes de pouvoir d’achat déjà rogné par la hausse des prix de l’énergie. L’hôpital Henry Gabrielle est menacé de transfert au Vinatier, motivé par l’objectif des Hospices Civils de Lyon d’un retour à l’équilibre des comptes. C’est la même démarche des HCL qui motive la fermeture des urgences de nuit de l’hôpital Montgelas à Givors et menace la maternité. A l’hôpital public Lyon Sud la direction annonce la fermeture de 88 lits d’hospitalisation complète et de 1/3 des salles de bloc opératoires. Or un lit hospitalier, c’est une d’unité qui inclut les personnels qui vont avec  et dont on cherche à diminuer le nombre. Les activités supprimées sont le coeur du Centre Hospitalier Universitaire Lyon Sud, le 2ème de France. Le plus scandaleux, c’est quand on pose la question à la direction de l’hôpital : que vont faire les patients qui doivent être soignés ? C’est le silence. En résumé, ils iront voir ailleurs et notamment dans le privé. Combien de personnes se priveront de soins faute de moyens. Voilà comment les HCL et Macron font place au privé et créent des inégalités. Nous sommes unis-es avec les personnels pour résister et refuser que la santé soit une machine à profit ! Continuer, comme en France, à déshabiller l’hôpital public peut précipiter une nouvelle catastrophe sanitaire et sociale. Et la reprise mondiale, inégale, depuis les progrès de la vaccination ralentirait jusqu’à faire s’écrouler l’énorme pyramide de dettes accumulées pour, au nom de la lutte contre la pandémie, continuer de faire prospérer le capital financier. A la Famar où la lutte a permis de sauver l’entreprise. Reprise par un groupe Libanais, l’engagement a été pris par les groupes pharmaceutiques de passer commandes à la Famar. Deux ans après, ils ne sont pas tenus, mettant en péril l’entreprise et ses emplois alors que notre pays souffre d’une pénurie de médicaments. Les salariés et leur famille vivent avec une épée de Damoclès au dessus de leur tête, alors que l'activité pourrait se développer si l’Etat jouait son rôle. A Kem One Saint Fons vient d’être racheté par un Fonds d’investissement américain Apollo sous la forme d’une LBO. Je résume, l’acheteur emprunte les fonds nécessaires au rachat et se rembourse très rapidement en prélevant le remboursement sur les richesses produites par les salariés, ce qui fragilise l’entreprise et ses emplois. Je n’ai cité ici que les cas dans notre proximité. Ce sont là des luttes de résistance à faire grandir en nous adressant aux salariés dans les entreprises avec l’ambition qu’ils portent avec détermination des exigences qui transforment en mieux leur vécu et sécurisent dans la liberté, la vie de chacune et de chacun. C’est le défi à relever. Il y a aussi le recul des formations de qualité, notamment initiales, et l’instauration d’une sélection à la sortie du bac. Ce sont 90 000 jeunes qui se sont trouvés sans solution à l’issue du dispositif technocratique Admission Post-Bac. Et 50 % des jeunes qui n’ont pas été pris dans une formation correspondante à leur attente ! Pourtant des milliers d’entre eux veulent se tourner vers des professions de santé, des métiers d’aide-soignante ou d’infirmière, de médecin ou de chercheur. Le système les rejette et en prive toute la société. La politique de Macron fait mal à notre jeunesse ! Par ailleurs, les salaires sont bloqués depuis 11 ans pour les fonctionnaires. Ils sont comprimés dans le privé avec la casse des conventions collectives, la pratique de mini garantis en dessous du SMIC et le chômage partiel. Nous proposons de revaloriser le SMIC à 1800 € brut, d’augmenter de 10 % le point d’indice des fonctionnaires, de relever tous les premiers niveaux des grilles de qualifications et de concrétiser l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Nous demandons une grande conférence nationale reliant salaires, emploi, formation et investissements nouveaux. Nous constatons qu’un pays ne peut se développer en ignorant et en brisant comme le fait Macron et le patronat, les capacités humaines et les aspirations à l’émancipation. Cela m’amène à la 3ème raison de notre débat. C’est de politiser ces questions. En effet, d’une part des pouvoirs sont en cause et au-delà l’organisation d’un système, d’autre part nous formulons une proposition politique : aller d’urgence vers un système de sécurité d’emploi ou de formation et de revenus, contraire à la logique du capital, elle constitue l’enjeu d’une nouvelle civilisation. C’est un besoin qui est refoulé, dévoyé, dénaturé, utilisé pour précariser encore plus. Mais rien n’y fait. Il grandit et la réponse pousse de l’intérieur même de la société. Cette sécurisation est une voie pour une issue à la crise, couplée avec le développement des services publics et une nouvelle industrialisation, faisant coopérer services, recherche, industrie et services publics, pour la transformation productive écologique et des coopérations internationales de partage contre la mise en concurrence et le dumping social. D’autant que le plan de 30 milliards d’€ de Macron adopté à la hussarde à l’Assemblée, avec tout pour subventionner le capital et rien – ou presque - pour les capacités humaines et les services publics, débouchera sur les mêmes déconvenues que les plans précédents du même type qui n’ont fait qu’aggraver le chômage, le gâchis de capitaux, les inégalités sociales et territoriales, l’enfoncement de la France dans le déclin. Nous avons décidé de placer cette sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, au coeur de leur campagne électorale. Nous sommes les seuls. C’est un enjeu que les médias et les autres candidats déclarés ou potentiels ignorent en assénant la fausse idée que la crise sanitaire serait la seule cause de tous nos maux et que les crises économique, démocratique et sociale seraient derrière nous. Or, il n’en est rien, le pire est à venir avec des lendemains d’élection pouvant être terribles pour l’emploi, les services publics et la protection sociale. Nous devons travailler à aider les salariés et les citoyens à s’emparer avec audace de ces questions. Ne pas le faire, c’est courir le risque d’une crise de civilisation très dangereuse comme nous pouvons le mesurer avec les idées nauséabondes du rat pétainiste sorti des égouts pour tenter de capter le sentiment national écorché et désigner l’immigration et la religion musulmane comme boucs émissaires pour mieux diviser et évacuer les débats de fond posés à notre société en crise. L’emploi c’est le moyen d’effectuer un travail avec une rémunération et de contribuer à une activité sociale utile. Il doit être le moyen de donner une pleine efficacité aux capacités humaines et au travail. L’emploi et son efficacité reposent donc d’abord sur des qualifications acquises par la formation initiale et l’expérience, avec un salaire pour les reconnaître et pour disposer des moyens d’exister, de se développer, de s’épanouir. C’est aussi le moyen par le travail, d’avoir toute sa dignité dans la société tout en s’émancipant de la règle d’or du capitalisme qu’est le profit. C’est pourquoi nous donnons une égale importance à la formation de chacun-e pour développer ses capacités, mais aussi la formation pour des emplois, pas des formations bidons ni des formations gâchées avec le chômage qui suit ! Le lien emploi-formation et formation-emploi est fondamental, même s’il doit aussi avoir de la souplesse. On voit bien qu’on n’a pas un infirmier disponible du jour au lendemain. Il faut donc former pour embaucher, il faut embaucher pour former ! C’est une question politique qui heurte la logique du système, la loi du capital et du profit. Aujourd’hui, l’emploi est combattu dans le public comme dans le privé. Les directions sont toujours à la recherche de l’emploi de trop, à un point tel qu’il manque des emplois partout notamment à l’hôpital, dans l’Éducation nationale ou dans les collectivités territoriales. Mais, plutôt que de former et d’embaucher, on supprime des lits, on réduit les services publics nationaux et locaux, on gonfle les effectifs des classes scolaires quitte à dégrader la situation des enseignants et la qualité de l’éducation et on rallonge le temps de travail. Les situations sont identiques dans le privé comme le montre la campagne de culpabilisation des salariés et des chômeurs menée à partir de la pénurie d’emplois dans certains métiers alors même que le patronat et les gouvernements créent ces pénuries, par leur politique de précarisation, de bas salaires, de sous qualification, de casse du service public d’Éducation Nationale et de la formation. Une politique alternative radicale est urgente. Il faut changer de paradigme. Avec les milliers d'emplois à pourvoir dans les services publics et l'industrie, nous devons porter un projet de société celui d’un système de sécurité d’emploi et de formation. Nous visons l’éradication du chômage, et l’engagement d’un processus de dépassement du marché du travail par la formation. Il s’agit de faire de chaque salarié, un citoyen à part entière dans le travail et hors travail avec des pouvoirs nouveaux sur l’utilisation de l’argent créé par son travail et sur celui des banques, sur les productions, les activités et son évolution professionnelle tout au long de sa vie, qu’il choisit librement. En ce sens, ce concept de sécurité de la vie ne peut être opposé à la liberté individuelle, il en même l’expression concrète. Un des grands enjeux, est ce sont les entreprises, l’utilité de ce qu’elles font, comment, et l’utilisation de l’argent ! Il faut donner un tout autre sens à la société que le profit. Cela implique d’instaurer, de conquérir, à la fois des pouvoirs et des moyens financiers nouveaux. C’est une question politique de fond que nous posons, qui concerne aussi le rôle de l’État. Nous proposons que dès la fin de la formation initiale, tout citoyen soit appuyé par un grand service public de l’emploi et de la formation pour qu’il organise librement sa mobilité, sa formation et son évolution professionnelle avec la garantie d’un salaire ou d’un revenu, et de la reconnaissance des qualifications acquises. Ce projet va au-delà de la Sécurité Sociale qui doit être rénovée et démocratisée. Il faut remettre en cause son étatisation, son financement par l’impôt et réhabiliter le principe fondamental de la cotisation sociale qui est le pilier du financement du système de protection sociale français. Elle est une part des richesses produites qui ne va plus au profit mais va à la solidarité, à l’emploi, à la formation et au développement humain. C’est un choix de société qui soustrait à la fois les capacités humaines et la protection sociale aux critères de rentabilité ou aux arbitrages budgétaires de l’Etat. C’est pourquoi, nous demandons l’arrêt des exonérations de cotisations (plus de 66 milliards d’€ en 2019) et proposons de financer le système en remettant le travail et l’emploi au cœur de l’économie française. Notre projet est le moyen d’en finir avec les peurs du lendemain et la soumission au patronat et au capitalisme dont les crises broient les êtres humains et détruisent la planète. Je veux souligner l’exigence de faire vivre en cohérence nos objectifs sociaux élevés, les pouvoirs nécessaires pour changer la gestion des entreprises et des services, et les financements indispensables. L’argent existe comme le démontre les énormes dividendes versés par les groupes du CAC 40. Je prend deux cas concrets sur notre ville, celui d’Arkema où travaillent 576 salariés, qui, malgré un chiffre d’affaire en recul de 10 % en 2020, a réalisé 332 millions de bénéfices et a reversé 191 millions de dividendes aux actionnaires. Et le groupe Hermés, groupe du CAC 40, qui emploie ici, 600 salariés, a réalisé un résultat net de 1 milliard 385 millions d’€ dont 474 ont été reversés aux actionnaires. Ce sont les sources à tarir en orientant l’utilisation de cet argent pour l’emploi, les salaires, la formation, les conditions de travail et l’émancipation. Non pas pour produire moins de richesses mais pour en faire plus mais produites et partagées autrement dès leur création. Ces idées novatrices pour arracher au capital les moyens d’une nouvelle politique économique, sociale et écologique donnent du sens à notre proposition de création de Fonds régionaux et national en faisant levier sur les banques et les entreprises pour une nouvelle sélectivité du crédit jusqu’à revendiquer une maîtrise sociale et démocratique de l’immense pouvoir de création monétaire de la BCE aujourd’hui asservi aux marchés financiers. Portons l’exigence que la monnaie créée par la BCE serve à la relance des services publics en Europe, via un Fonds « ad hoc » doté d’une gouvernance démocratique. Nous sommes les seuls également à nous prononcer pour une nouvelle appropriation sociale des grandes entreprises et des banques, un nouveau type de nationalisations qui dépasse celui de 1981-82 qui, faute de pouvoirs aux salariés, aux citoyens, n’ont pas rompu avec les critères de gestion capitalistes. Il s’agirait de donner corps à de véritables pôles publics de coopérations et de partages pour structurer et animer des filières de production et de services liés, gage d’une nouvelle industrialisation, comme par exemples, dans la santé, l’énergie, les médicaments, le spatial. Pour rendre incontournables ces idées dans la campagne électorale et après, nous devons mèner campagne pour l’emploi et les salaires. Notre débat prolonge ainsi les différentes actions menées dans la semaine tant à Kemira, qu’à JTEKT, Hermès ou l’Hôpital Lyon Sud. Il est une contribution à la construction du programme La France en commun que Fabien Roussel présentera au rassemblement national le dimanche 21 novembre, à Paris, place Stalingrad. Pierre-Bénite le 31 octobre 2021

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